Journal de Novembre 2023

50 ans déjà!

50 ans de coups de cœur, de belles rencontres, de doutes, de questionnements, de découvertes, de projets, de réussites et parfois d'échecs, d'espoir, d'attentes, de perspectives, de lassitude, d'émerveillements, de surprises, de tristesses, d'urgences…

Peu d'association belges œuvrant pour Haïti peuvent sans doute témoigner d'une telle longévité.

Terres Nouvelles a vu le jour en novembre 1973 grâce à un petit groupe de personnes intéressées par l'enfance en Haïti.

Au départ, l'association organise des adoptions reconnues par La Famille Adoptive Belge.

Plus tard, une partie de l'équipe renforcée par quelques nouveaux membres souhaite arrêter les adoptions au profit de parrainages sur place afin de permettre aux enfants de grandir chez eux.

Terres Nouvelles, alors ONG, marque également son intérêt pour le Guatemala et, très vite, élargit le champ de ses actions en développant des projets à caractère social ; c'est pourquoi, en réalité, il n'y a pas grand-chose en commun entre les objectifs initiaux et ce qu'on est devenu aujourd'hui, mais notre engagement a pu se transmettre jusqu'à nos jours. Bien sûr, certains membres du groupe nous ont quittés, d'autres nous ont rejoints, mais ensemble, nous avons mené l'association (ASBL et non plus ONG), à évoluer.

C'est ainsi qu'avec des partenaires de confiance sur place, nous avons mené des projets à long terme visant l'autonomie dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'accès à l'eau et à l'alimentation, de l'irrigation, de l'accès à l'emploi par des micro-crédits, etc…avec, quand l'urgence s'en faisait sentir, quelques actions ponctuelles surtout lors de catastrophes naturelles.

Bien sûr, nous n'aurions pu soutenir tous ces projets sans l'aide, le soutien, la confiance, la fidélité de nos donateurs et des participants aux différentes activités de récolte de fonds que nous organisions. Un tout grand merci donc à vous tous présents tout au long de ces années.

Célébrer un anniversaire permet de se rappeler d'où on vient, mais surtout de se projeter là où on souhaite aller.

Notre équipe se fait vieillissante. Les activités de récolte de fonds se font donc moins facilement, et le recrutement des jeunes est difficile.

Cependant, nous voulons maintenir l'appui que nous apportons depuis quelques années à l'école Cébus à Grand Fond (soutien scolaire et cantine), et permettre à ce projet de devenir autonome.

Nous souhaitons également pouvoir, si nécessaire, répondre à une demande particulière, telle que, par exemple, celle que nous avons reçue au profit des enfants déplacés en Haïti.

Un petit geste, un don de votre part pour fêter nos 50 ans ? Nous en serons ravis, ainsi que les enfants de l'école, leurs parents et leurs professeurs.

Compte bancaire de Terres Nouvelles : BE 98 2500 0829 4393

Communication : heureux anniversaire

Rappel : tout don unique, ou total de dons, d'au moins 40 €  en 2023 donne droit à une réduction d'impôt de 45 %.

Par exemple, un don, ou un total de dons, de 40 € en 2023 ne vous coûtera finalement que 22 €.


Marie-Thérèse Lenoble, membre fondatrice, nous a quittés.

Marie-Thérèse est née le 10 octobre 1925 à Gilly dans une famille de 6 enfants. Très jeune, elle perdra son père et, plus tard, poursuivra des études d'institutrice.

Son caractère « social », indépendant et bien trempé l'amènera à poursuivre différents projets.

C'est ainsi qu'à 20 ans, elle quitte sa famille pour habiter avec 3 amies, et, parallèlement à son métier d'enseignante, participe à des projets d'accompagnement de femmes précarisées et/ou prostituées de Charleroi.

En 1953, elle s'attache au bateau-chapelle amarré à Marchiennes-au-Pont ; elle participe activement à la pastorale de cette église des bateliers et enseigne à l'école de leurs enfants. Elle y rencontre un ami qui lui fera découvrir et aimer Haïti.

C'est ainsi qu'en 1973, avec quelques amis, elle crée Terres Nouvelles, notre association, soutenant des projets en Haïti et au Guatemala. Elle en fera partie jusqu'en 2012.

En 1976, fraîchement retraitée, elle décide de partir pour Port-au-Prince où elle assume le secrétariat de la mission des pères de Scheut et travaille au journal créole Bon Nouvel, puis crée une école maternelle et une cantine accueillant près d'une centaine d'enfants chaque jour dans sa propre maison à Delmas. Elle y restera 17 ans, fidèlement soutenue par Terres Nouvelles et par un groupe d'amis. À son retour, elle fera des voyages réguliers pour assurer le suivi de ces projets et soutenir les familles du quartier dans lequel elle habitait.

Célibataire et sans enfant, Marie-Thérèse aimait la vie et surtout les gens ! Elle aimait rire, cuisiner, lire, écrire, jouer, boire un bon verre …, mais aussi sa maison, la mer, sa famille de naissance et de cœur, les enfants et petits-enfants « des autres ».

Elle nous a quittés le 29 mars 2023.

Tu vas nous manquer Marie-Thérèse. Repose en paix.


                                                      Journal de juin 2022

Compte rendu sur les activités de l'école CEBUS de Grand Fond de septembre 2021 à fin mars 2022

A l'intention de Terres Nouvelles

L'année scolaire 2021-2022 a débuté le 20 septembre, avec deux semaines de retard ; cela est dû aux conséquences du passage d'un séisme dans le sud du pays le 14 Aout 2021.

Avant la date prévue pour l'ouverture des classes, nous avons eu des séances de travail avec le staff sur des nouvelles dispositions à adopter dans le fonctionnement de l'école sur plan sanitaire (post-covid), la situation des professeurs et de toute l'équipe, le fonctionnement de la cantine, les perspectives pour l'avenir de l'école.

Nous avons distribué et commenté un dépliant du ministère de l'éducation nationale sur les nouvelles mesures prises par les autorités étatiques sur les conduites à tenir dans les écoles.

Avec le comité de gestion de la cantine, nous avons statué sur les modalités et le choix des parents bénévoles qui donneront leur coup de main dans la cuisine.

Nous avions prévu un effectif de 180 élèves pour l'année 2021-2022, mais c'est largement dépassé : avant la fête de Noël 2021, l'effectif était de 196 élèves et depuis janvier 2022 il est passé à 226, qui sont repartis en 7 classes:

Cette augmentation est due surtout aux nouvelles structures de l'école, la clôture, l'installation des jeux sur la cour et surtout la cantine qui attire les parents à nous confier les enfants. Les installations dont dispose l'école deviennent insuffisantes, ce qui a poussé le dirigeant de White Rock (église protestante qui « chapeaute » l'école) à utiliser la chapelle pour loger deux classes.

La cantine apporte une visibilité importante à l'école ; les parents nous envoient les enfants de par eux-mêmes, et nous constatons qu'ils sont de plus en plus réguliers à l'école comparativement aux années précédentes.

De concert avec les parents bénévoles qui donnent leur coup de main à la cuisine, le comité de la cantine essaie de donner un menu un peu varié ; avec les aliments locaux : riz, petit mil, maïs, haricots, vivres alimentaires, spaghetti, bouillies de farine....... Chaque jour environ 240 à 245 personnes : les élèves, le personnel, et les mamans bénévoles trouvent un repas à l'école.

Avec la clôture, nous avons conseillé aux responsables de White Rock de mettre en valeur le reste de la propriété (cocotiers, manguiers,....), mais les plantations ont eu du mal avec la sécheresse ; le peu de manioc récolté a servi à la cantine.

Une belle fête de fin d'année a pu être réalisée grâce à un petit fond économisé sur la bonne gestion de la cantine (35.000 gourdes, soit 309 $). Les enfants et les parents ont pu y assister et elle fut un succès.

Les principales dépenses effectuées durant cette période sont :

Personnel de l'école et coordinateur : 391.950 gourdes, soit 3.470 $ et la cantine : 1.129.950 gourdes, soit 9.994 $.

D'après Gabuitho Dérivai, coordinateur.


Journal de novembre 2021

Après le séisme du 14 août 2021 affectant principalement la ville et la région de Jérémie dans le sud du pays, les autorités ont reculé la réouverture des classes de deux semaines.
La région de Saint-Marc (où se trouve l'école de Grand Fond) n'a pas été frappée par le séisme et les fortes pluies mais via la vulnérabilité du pays en général, les répercussions ne sont pas légères.
Les cours ont donc repris depuis le 20 septembre.
Fin août, nous avons reçu le budget prévisionnel 2021-2022 pour le fonctionnement annuel de l'école.
Les frais pris en charge par Terres Nouvelles concernent :
-Les salaires du coordinateur (+ ses frais de transport et de communication internet), du directeur
(+ un forfait de téléphone), du censeur, du gardien et des 7 professeurs.
-Les fournitures de bureau et le matériel scolaire.
- le fonctionnement de la cantine qui offre 195 repas, à savoir 38 repas complets et 157 petits déjeuners, pour 180 personnes.
Nous avons donc versé un total de 11.250 USD (9.707,87 €) au profit de l'école (3.560 USD) et de la cantine (7.690 USD) de Grand Fond, et ce pour le 3ème quadrimestre de cette année scolaire 2021.

Journal de décembre 2020

Nouvelles de « notre école » à Grand Fond

(d'après des courriers reçus de notre coordinateur sur place Gabuitho Dérival)

Actuellement l'école de Grand fond fonctionne très bien, surtout depuis fin novembre ; en général le pic de fréquentation des élèves est en janvier, où nous attendions, par exemple, pour l'année 2019-2020, 141 élèves, alors que pour l'instant nous avons déjà 136 élèves !

Cela est peut-être dû à la saison sèche qui, malgré la poussière, facilite le déplacement, mais les professeurs pensent aussi que la cantine, qui fonctionne très bien, serait un facteur important qui expliquerait le taux de fréquentation élevé cette année.

Nous avons organisé avec les élèves qui le désirent, et le matériel dont nous disposons, un petit concours de cartes de vœux. Et nous avons célébré Noël en organisant une fête avec les enfants, et avec le surplus de la cantine nous avons même pu leur offrir un repas, cela a fait du bien aux enfants et à tout le monde !

Je vous envoie des photos et des vidéos (voir groupe Facebook de Terres Nouvelles asbl).

NDLR : Vous pouvez aussi voir quelques photos récentes à notre rubrique "Missions".




Journal de septembre 2020

Quelques mois ont passé depuis notre dernier journal ! La pandémie du Covid 19 a quasiment tout bouleversé dans le monde ! et Haïti en a également souffert...Malgré un nombre étonnamment limité de personnes atteintes et de décès liés au virus, l'éducation des enfants et des jeunes n'a pas été épargnée et, comme presque partout, les écoles ont été fermées dans le courant du mois de mars. Cette situation a d'ailleurs fortement été aggravée par la crise politique, l'état quasi de guerre civile que vivait le pays.

Et pourtant...le 4 mars, nous avions reçu des nouvelles encourageantes et très positives du projet de l'école de Grand Fond ! Comme vous pouvez le constater sur les photos, tout fonctionnait à merveille : l'enceinte du terrain était tout à fait terminée ; les enfants fréquentaient régulièrement l'école ; la cantine, prise en charge par des parents bénévoles, cuisinait et distribuait chaque jour un repas de qualité fait surtout de légumes, riz, maïs etc...à chaque enfant et chaque membre du personnel.

Le 30 mars, Gabuitho, notre coordinateur sur place nous écrivait ceci :

Pour Grandfond où la population vivait déjà dans des situations précaires ça va aggraver. Dieu merci on a pas encore enregistré des cas à Saint-Marc et ses environs. Nous avons demandé au personnel et aux élèves de respecter les consignes du gouvernement : de se laver les mains très souvent, de respecter les distances et de rester chez eux, bien que nous savons que c'est difficile car souvent ils sont nombreux dans des petites maisons et ils vivent au jour le jour. Donc ils sont partout chaque jour soit au marché sur des motocyclettes surtout pour les femmes et les enfants.

Mais tout s'est arrêté et tout est à reprendre. Le 1er septembre, il nous adressait ce courrier :

...En ce qui concerne Grand Fond et la reprise des activités scolaires dans le pays, le ministère avait proposé un calendrier qui s'étend du 10 août au 25 octobre 2020 pour boucler l'année scolaire 2019-2020. Le lundi 3 août nous avons eu une rencontre avec les professeurs, le censeur et le directeur en vue de préparer la réouverture et avec les mesures barrières proposées par le ministère pour empêcher la propagation du Covid- 19 (répartition des élèves, points de lavages des mains, adaptation des horaires, et d'autres mesures de protection pour les élèves et le personnel).

Nous avons commencé à travailler le 10, mais en minorité car c'est le 17 que l'effectif est quasiment complet. Dieu merci ça va plus ou moins bien.

Pour les dépenses, nous avons payé le personnel jusqu'au mois de mai à partir de là nous avons resté pour attendre des décisions officielles car depuis la fin du mois de mars il n'y n'avait pas de classes. En ce sens le montant qui était réservé pour les mois de juin, juillet et août va être utilisé pour payer les salaires des mois d'août, septembre et octobre et la nouvelle année (2020-2021) débutera en novembre prochain.

Pour la cantine tout a commencé très bien en février c'était une belle expérience pour l'école car les parents, les professeurs n'ont pas caché leur satisfaction, tout le monde était satisfait, stoppée avec les circonstances nous avons recommencé le 17 août.

Heureusement, nous savons que nous pouvons compter sur l'équipe des professeurs, la direction de l'école et notre coordinateur ainsi que sur votre soutien pour passer « au travers » de ces difficultés. 

Journal de février 2020

L'école :

Normalement, la rentrée devait se faire le 16 septembre...mais la semaine qui a suivi, le pays a dû faire face à une grande crise politique (qui avait déjà commencé en juillet), doublée d'une crise de manque de carburant qui a déclenché de gros mouvements populaires bloquant entre autre le fonctionnement des écoles dans tout le pays...Grand Fond n'a pas été épargné !L'école est restée fermée jusqu'à la seconde semaine d'octobre. A la réouverture,seulement 40 % des élèves étaient présents, les parents préférant garder les enfants prudemment chez eux.

Nous avons alors proposé aux enseignants de ne pas se montrer trop exigeants avec les élèves et de proposer des activités d'apprentissages plus récréatives pour « mettre de l'ambiance », parce que la crise, de par sa dimension politique, sociale et économique, touchait toutes les couches de la population, sans épargner les enfants toujours en situation de stress.

Jusqu'en janvier, la situation est restée chaotique : insécurité sans pareille, barricades et rançonnage, misère en augmentation, prix des produits de base doublés ou parfois triplés, pas de carburant, de gaz, peu d'eau. 

Actuellement, l'école compte 108 enfants en fréquentation régulière. Bien sûr, nous avons pris en charge les salaires du personnel sans discontinuer depuis septembre et avons envoyé la somme de 6621 $ pour couvrir les frais de fonctionnement de janvier à juin.

Le mur d'enceinte :

Malgré les problèmes politiques, le mur d'enceinte sécurisant l'école a pu être achevé...malheureusement avec un peu de retard et avec un coût supérieur à celui annoncé puisque les prix des matériaux et du carburant lorsqu'ils étaient disponibles ont fortement augmenté.

Le portail vient d'être placé, pour un montant de 2282 $.

La cantine :

La sécurisation du bâtiment par l'achèvement du mur permet donc l'ouverture définitive de la cantine.

Vous vous souvenez ? Grâce à votre aide, nous avons pu faire construire le bâtiment cuisine/dépôt, acheter tous les ustensiles nécessaires et les utiliser de manière occasionnelle. Mais, depuis la mi-janvier, la cantine fonctionne chaque jour d'école. Les enfants et les membres du personnel recevront 4 petits déjeuners / semaine (pain-jus-lait ou bouillie de maïs, avoine, blé etc... et fruits) et un repas chaud et complet / semaine (riz, maïs, petit mil...+ légumes divers et haricots).

Deux parents prennent la responsabilité de l'organisation et de la préparation des repas, aidés par quelques autres parents sur base d'un agenda de fréquence pris en accord avec la direction de l'école...le tout, sur base de bénévolat. Ce dernier point est très important car c'est une belle participation de la population de Grand Fond et un bon premier pas vers l'autonomie du projet.

Nous avons envoyé la somme de 8800 $ pour couvrir le fonctionnement de la cantine chaque jour d'école jusque fin juin. Si le projet fonctionne bien...et si nous disposons des fonds nécessaires, nous pourrons envisager de distribuer un repas chaud chaque jour.

Vous souhaitez nous aider à pérenniser tous ces beaux projets par un ordre permanent sur notre compte BE98 2500 0829 4393 ? 5 €/mois = soutien de base, 10 €/mois = écolage d'un enfant, 15 €/mois = écolage plus cantine. Communication : école Grand Fond. Tous les dons de minimum 40 €/an bénéficient de l'exonération fiscale.



Nouvelles de l'école de Grand-Fond : extrait du rapport de l'année scolaire 2018-2019.

Nous avons commencé l'année scolaire avec 115 élèves et l'avons terminée avec 134 enfants. 95 % d'entre eux ont réussi les examens de fin d'année avec succès.

Pendant le mois d'août, nous avons réalisé un camp d'été 3 jours par semaine pour permettre aux enfants de rester en contact avec l'école, d'approfondir leurs connaissances et de jouer ensemble avec les jeux achetés grâce à Terres Nouvelles. Nous y avons également invité les enfants de la zone qui ne fréquentent pas l'école habituellement afin de les y familiariser et d'y sensibiliser leurs parents.

Les professeurs ont quant à eux participé à des formations organisées à leur intention particulière par l'inspection scolaire.

Les travaux de construction du mur d'enceinte de l'école continuent et sont en bonne voie d'achèvement.





Terres Nouvelles et Grand Fond : Deux destins liés

Suite à la visite d'une délégation (composée de Suzanne Fassin, Tita Bartholomé et Catherine Lemaire) de Terres Nouvelles en 2012, un ensemble d'actions appelé Projet d'appui à l'école de Grand Fond (Commune de Saint-Marc, Haïti) a été créé afin de répondre à des besoins croissants des habitants, liés à la montée du chômage et à l'accroissement de la pauvreté.

Dès le départ, les trois visiteuses ont constaté -ce qui a été confirmé par les personnes réunies et le CIDeCS que les problèmes vécus par les familles s'accompagnaient de difficultés liées à l'éducation de leurs enfants. C'est donc très tôt dans son histoire que le Projet a développé une expertise dans ce champ d'intervention. À partir de l'apprentissage classique des notions de lecture, d'écriture, de calcul et plus tard des études de grammaire française et créole, de géographie, d'histoire etc., le Projet fait la promotion du savoir créateur comme source de fierté et de valorisation. Le Projet, comme nous allons le voir, contribue à favoriser l'insertion sociale de personnes vivant avec des problèmes d'exclusion sociale comme c'est le cas des habitants de Grand Fond.

Dans un environnement chaleureux et sécurisant, le Projet et Terres Nouvelles font cheminer chaque année des dizaines de personnes de divers âges de l'enfance à l'univers des lumières et du pain de l'instruction.


L'appui en subvention apporté par Terres Nouvelles et exécuté par le CIDECS a permis de faciliter la scolarité de plus de 300 enfants depuis environ trois ans. En effet, l'établissement CEBUS, qui était sur le point de fermer, a pu rouvrir ses portes en garantissant le paiement des salaires des professeurs et en diminuant le coût de l'écolage. Une cantine scolaire est sur le point d'être lancée dans le même établissement -toujours grâce à l'intervention de Terres Nouvelles qui a déjà financé la construction d'un dépôt-cuisine conformément aux règles et contraintes du Ministère de l'Education Nationale (MENFP) ainsi que l'achat des matériels de cuisine et des couverts.

De ce qui ressort des conversations et des échanges d'autres types avec les membres de Terres Nouvelles, il est facile de déduire la philosophie de l'organisation. Il s'agit de permettre aux gens de Grand Fond de :

− Agir eux-mêmes avec leurs mains afin de contribuer à leur subsistance et au maintien de leur santé ;

− Développer un réseau de support afin d'affronter les difficultés de la vie quotidienne et constituer une ressource alternative en terme de recours à un éventuel désengagement extérieur (Terres Nouvelles).

A partir de ces idées charnières, Terres Nouvelles et le CIDeCS ne manquent pas d'idées et pourraient envisager de recréer à Grand Fond un milieu de travail où les personnes vivant avec la détresse matérielle et psychologique (les parents des enfants qui fréquentent l'école) pourront parcourir, à leur rythme, le chemin sinueux menant à leur autonomie et leur prise en charge et subvenir ainsi aux besoins de leurs familles et donc à l'écolage de leurs enfants.

Par exemple, en soutien à l'école, un petit atelier équipé de deux machines à coudre mécaniques pourrait favoriser la création artisanale dans la discipline de la couture, notamment dans la spécialité liée à la confection d'uniformes pour les élèves. Egalement la vente et l'exposition d'objets artisanaux de très bonne qualité seraient sources de fierté et de valorisation.

Des structures éventuelles de MUSO (Mutuelles de Solidarité) pourraient être mises en place car l'important aussi est de propulser l'autonomisation des femmes (mères des enfants fréquentant l'école) grâce à l'accès au crédit et la gestion individuelle et collective d'activités économiques qui leur permettent de subvenir aux besoins des petits, particulièrement dans l'éducation. Les pères de famille concernés par l'école seraient également pris en compte par un encadrement et un soutien au niveau de leur métier d'éleveurs et d'agriculteurs, leur permettant ainsi une meilleure sécurité alimentaire et des moyens d'existence (intrants, outillage, formation, etc.).

Misant sur les bienfaits de l'intégration à un groupe, le Projet et ses promoteurs (Terres Nouvelles et CIDeCS) espèrent favoriser le partage et l'échange tant par les activités d'écolage et de formation que par les activités connexes comme les activités de crédit. Cet encadrement faciliterait en quelque sorte l'amélioration des relations sociales. Et pourquoi pas, comme le suggère Denis, un des membres du CA, venir au secours des garçons et des filles qui, au terme de leur cycle primaire, sont privés de moyens pour passer aux cycles supérieurs faute d'écoles dans la zone et de moyens financiers et autres ? Leur entrée à une école technique garantirait à coup sûr leur conversion avérée au marché du travail et les prémunirait ainsi des tentations de la délinquance et de tant d'autres vices.

Il est indéniable que Terres Nouvelles et le Projet qu'elle soutient à Grand Fond constituent une alternative pertinente et viable et que les composantes qui vont s'y ajouter vont permettre aux habitants de mieux répondre à leurs besoins, de retrouver leur dignité, de retrouver la confiance et l'estime de soi, de reprendre en main l'organisation de leur vie, d'améliorer leurs relations interpersonnelles. Voilà pourquoi les divers acteurs de la petite communauté rurale haïtienne se sentent si fiers et satisfaits de cette organisation liégeoise !

Harold Errié.

Comme vous pouvez le constater à la lecture de cet article, les projets et le travail pour les mettre en chantier ne manquent pas et demandent temps, réflexion et...finances ! Nous sommes cependant contents de constater l'avancement du projet et de pouvoir compter sur la collaboration positive des parents de l'école, des professeurs, des responsables de l'Eglise Baptiste (qui a créé l'école il y a de nombreuses années) ainsi que de Gabuitho Dérival, notre coordinateur sur place...Grâce à votre soutien, nous avons pu envoyer l'argent nécessaire à l'achat du matériel de base durable pour la cantine : vaisselle, casseroles, couverts etc... ainsi que des fournitures scolaires.

Notre coordinateur de projet à Saint-Marc pour l'école de Grand Fond nous a écrit début septembre : (ndlr : soyez indulgents : Gabuitho Dérival s'exprime d'habitude en créole...il a fait l'effort de nous écrire en français, ce qui n'est pas facile pour lui)

« La rentrée officielle en Haïti est prévue pour le trois septembre prochain, mais pour certaines zones c'est le 10. Pour Granfond nous débutons le 10 septembre. En ce qui a trait à la clôture on essaie encore de servir avec les moyens du bord mais ce n'est pas satisfaisant pour le devis ce n'est pas encore prêt parce que c'est quelque chose que je dois faire conjointement avec les responsables de CEBUS car la propriété est grande, j'ai proposé de sécuriser surtout la partie où sont logés les bâtiments de l'école et la cour de récréation. Je vais accélérer pour avoir le devis dans le meilleur délai possible. Pour le personnel de l'école, jusqu'à présent nous pouvons dire que tout le monde reste à sa place car dans notre dernière rencontre j'ai demandé aux professeurs s'ils seront tous là en 2018-2019 ; ils m'ont répondu positivement. Nous continuons à penser et à agir pour la formation des profs et pour l'inspecteur, nous gardons contact avec lui mais c'est toujours difficile pour les visites. Au cours de l'année dernière le directeur (Emmatel) a participé à trois séances de formation organisées par le district scolaire pour les directeurs d'école de la zone et à deux reprises des profs de l'école ont pris part à des séances de formations au BDS (Bureau du district scolaire) de St-Marc. Pour les rapports je vais m'arranger pour que ce soit mensuel et accompagner des photos de circonstance. Pour la cantine j'ai fait un plan. »

Donc, notre action du mois sera de permettre l'achat des fournitures durables et de base pour la mise en route de notre cantine.

A savoir : grandes casseroles (appelées chaudières), grandes louches et cuillères pour les grandes casseroles, couteaux de cuisine, bassines, marmites (qui sont en fait des contenants servant de mesureurs à défaut de balances), un réchaud et son combustible, des droums ( grands tonneaux hermétiques servant à la conservation des réserves alimentaires telles que riz, maïs etc...), 160 kits de vaisselle comprenant une cuillère, un bol et un gobelet.


Nous comptons bien sûr sur vous pour nous permettre de réunir la somme nécessaire qui permettra, dans un premier temps, à préparer un petit déjeuner à chaque élève et professeur, et plus tard, nous l'espérons, à leur cuisiner un repas chaud.

La Fête des Morts pour les Haïtiens

Chez le peuple haïtien, la fête des Morts prend place lors des deux premiers jours du mois de novembre et leurs célébrations dépendent souvent de l'affiliation religieuse. Le 1er novembre est consacré à la Toussaint, traditionnelle fête catholique consacrée à la vénération des différents saints au sein de l'Église Catholique. Au cours de cette première journée, les Haïtiens en profitent pour rendre un hommage à leurs proches décédés en allant faire une visite au cimetière. Là-bas, on ira faire un entretien des pierres tombales des défunts puis on allumera une bougie qui viendra accompagner les prières de chacun. Par la suite, nous avons le droit à un moment plus festif en l'organisation d'une fête en l'honneur des morts où les gens pourront manger et chanter.

Nous avons ensuite le 2 novembre, la Commémoration des fidèles défunts ou bien encore la fête des Guédés. Cette journée a une importance particulière pour les Haïtiens aux convictions religieuses du genre vaudou. D'une manière semblable aux catholiques, les pratiquants du vaudou vont rendre hommage aux défunts en organisant des cérémonies au nom des esprits de la mort, les Guédés. Par la suite, l'ambiance devient alors beaucoup plus vivante avec de la musique et de la danse. Le son des tambours est joué de manière percutante alors que les personnes dansent avec beaucoup d'énergie (on observe d'ailleurs quelques gestes à connotation érotique). Comme boisson traditionnelle, les pratiquants se désaltèrent avec une bouteille d'alcool possédant une importante dose de piments forts. Comme nous pouvons le voir, la fête des Morts peut avoir plusieurs types de célébrations.

https://www.paalmtl.org

20 km de Bruxelles :

Le 27 mai, des milliers de sportifs se sont élancés pour courir aux 20 kms de Bruxelles. 7 coureurs ont décidé d'y participer au profit de TERRES NOUVELLES.

En tant que coureurs Solidaires plus tôt que Solitaires, très sensibles aux difficultés rencontrées par les enfants en Haïti , persuadés que l'éducation est la base du développement et portés par le soutien de leurs « sponsors », ils se sont donnés à fond pour soutenir la mise en route de la cantine de la petite école rurale de Grand Fond, sur les hauteurs de Saint Marc.

Chacun de leur pas, chaque goutte de leur sueur ont permis d'arrondir la cagnotte!

Cette belle iniative a rapporté 658 €...de quoi commencer à acheter le matériel de base pour la cuisine : couteaux, casseroles, bassines et autres ustensiles!

Un tout grand merci à eux ainsi qu'à leurs parrains et marraines!

Notre repas du 28 avril

Terres Nouvelles et l'ASBL PAPA ont concentré toute leur énergie pour organiser ces retrouvailles. C'est dans la grande salle du Casino à Visé que nous avons pu accueillir 150 personnes qui ont apprécié le repas proposé , agrémenté de bananes pesées. Et pour couronner le tout, une glace en guise de dessert !

Toute l'équipe a fait preuve d'une grande motivation!

Notre tombola a eu beaucoup de succès auprès des invités qui sont tous repartis avec des cadeaux.

Très heureux de cette réussite, nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui nous ont soutenus dans notre démarche. Grâce à vous, nous pourrons poursuivre les projets qui
nous tiennent à coeur !

Nouvelles de l'école de Grand Fond

Extraits du rapport reçu en avril de notre coordinateur, Gabuitho Dérival

La période de février et mars est une période où les enfants sont plus réguliers à l'école; plusieurs raisons expliquent cela; premièrement, c'est une période de sécheresse; les déplacements sont donc plus faciles aussi bien pour les élèves que pour les professeurs; deuxièmement, les parents prennent maintenant plus au sérieux le rôle de l'école, mais c'est une période qui est très dure pour Grand Fond et le paysage le montre. En Haïti, on appelle cette période KALMI, ce qui signifie période où tout le monde manque de tout. La situation déjà très vulnérable de Grand Fond est encore plus précaire.

Lors des visites que nous avons faites, nous avons pu constater que les élèves étaient présents ; cependant, parfois, l'école qui commence à 8 h pour se terminer à 13 h se terminait à midi parce que les élèves étaient affaiblis, se plaignaient de la faim ...le directeur a donc pris cette décision parce que l'attention des élèves était relâchée dans certaines classes ou dans toute l'école.

...Nous avons eu des réunions avec les professeurs, les responsables de l'église, le CIDeCS et un grand nombre de parents sur les sujets suivants : - la cantine : nous avons discuté sur les recherches et les démarches à effectuer auprès des instances susceptibles de supporter cette activité, et également de ce qui était disponible.

- la sécurité : nous avons discuté de plusieurs moyens de placer une clôture et avons pris la décision de demander plusieurs devis.

-stratégie pour augmenter l'effectif de l'école, car il y a encore beaucoup d'enfants de la zone qui ne sont pas scolarisés ; nous avons discuté sur les moyens à mettre en place pendant les vacances pour motiver les parents.

Nous avons rencontré l'inspecteur de la zone pour lui exposer la situation de l'école ; il promet toujours de la visiter mais ne l'a pas fait jusqu'à présent. Il invite les professeurs à participer à une formation le 13 mai ; il doit me recontacter pour me signaler quels sont les enseignants qui pourraient y participer.

Comme vous pouvez le constater, la situation est très difficile pour tous les habitants de cette zone.

Les progrès nous semblent parfois lents, mais nous sommes contents de voir l'implication de plus en plus importante des parents de l'école, des enseignants et des instances de la zone. Nous nous devons de prendre le temps de responsabiliser un maximum toutes ces personnes, conditions nécessaires à l'autonomie future du projet.



Haïti : De la colonisation à l'esclavage économique

Suite...


Saisissant l'occasion, un collectif de militants baptisé Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés (Crime) lance en juillet 2010 un canular et annonce sur un faux site du ministère français des affaires étrangères l'intention de la France de restituer aux Haïtiens le 14 juillet les sommes indûment perçues. L'affaire relance le débat au cœur de l'actualité.

Malgré une lettre ouverte au président français Nicolas Sarkozy , dans laquelle plus de 90 écrivains, universitaires de renom et autres personnalités mondialement connues demandent publiquement au gouvernement français de restituer les 90 millions de francs or extorqués, la France se refuse toujours de restituer la dette historique de son indépendance à Haïti. La France a pourtant une lourde responsabilité dans les affaires haïtiennes et en particulier dans l'état de pauvreté dans lequel se démène sa population. Par exemple lorsqu'elle accorde refuge à l'exdictateur Jean Claude Duvalier, exilé sur la côte d'Azur en France après 29 ans de dictature de père en fils, avec une fortune de 900 millions de dollars volée dans les caisses de l'État haïtien, soit une somme alors supérieure à la dette externe du pays. Après 25 ans d'exil en France, impliqué dans le trafic de drogues et accusé de « crimes contre l'humanité », il finira ses jours en 2014 sans avoir pu être jugé.

L'aberration de "dette morale" de Hollande

Ce n'est sans doute pas dû au hasard s'il aura fallu attendre plus de deux siècles depuis l'indépendance de l'île pour voir le premier voyage - officiel cette fois - d'un chef d'État français s'effectuer en Haïti. La visite du président François Hollande le 12 mai 2015 a été accueilli par des manifestants réclamant « réparation » et « restitution » par la France de la somme versée par Haïti pour son indépendance. Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles était notamment inscrit : « Hollande, l'argent oui, la morale non », en référence au discours prononcé quelques jours plus tôt par le chef d'État en visite à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 10 mai. Lors de son discours d'inauguration du Mémorial ACTe consacré à l'esclavage, suscitant beaucoup d'espoirs en Haïti, celui-ci avait affirmé : « Quand je viendrai en Haïti [le 12 mai], j'acquitterai à mon tour la dette que nous avons. » Mais, en réalité, Hollande voulait parler de « dette morale » et non de restitution des milliards d'euros qu'Haïti a versé à la France. Ne craignant aucune « immoralité », la France reste ferme sur son refus d'une indemnisation financière. Comme le dit Louis-Georges Tin, auteur de l'ouvrage Esclavage et réparations, comment faire face aux crimes de l'histoire (Stock, 2013) : « La repentance est une question morale ou religieuse ; la réparation est un problème économique et politique ».

Or, écrit le principal quotidien de l'île, Le Nouvelliste, dans son éditorial, « ... cette dette morale, jamais Haïti n'en a demandé réparation. Elle est irréparable, nous en convenons. Nous la laissons comme une tache sur le blason des civilisés. » et plus loin, poursuit : « ...la France a aussi une dette financière vis-à-vis d'Haïti. Cette dette est un cas unique dans l'histoire. C'est la seule fois où les vainqueurs ont payé tribut aux vaincus. Cette indemnité de 150 millions de francs-or, payée pendant tout le XIXe siècle, a entravé l'économie haïtienne, étranglé notre développement et hypothèque encore l'évolution de notre pays. »

Le cadeau empoisonné de Monsanto

C'est au Forum mondial de Davos, en janvier 2010, peu après le séisme, que le patron de Monsanto Hugh Grant, et le vice-président Jerry Steiner, ont eu l'idée de donner des semences pour un montant de 4 millions de dollars (3,3 millions d'euros). Peut-être, avaient-ils été aidés dans leur démarche par Michael R. Taylor, vice-président pour les politiques publiques à Monsanto, qui a été propulsé au lendemain du séisme en Haïti commissaire député à la Food and Drug Administration (FDA) ou encore par l'ancienne dirigeante de Monsanto, Linda Fischer, qui a été nommée directrice adjointe de l'agence de protection de l'environnement (EPA) en 2003 ? Quoi qu'il en soit, quand Monsanto, la firme connue pour avoir répandu son agent orange au Vietnam, fait don à Haïti de 475 tonnes de semences hybrides (stériles) de maïs, non transgéniques mais dont les paysans ne peuvent pas utiliser la récolte comme semence, plus de 10 000 paysans haïtiens manifestent le 4 juin 2010. Ils sont en colère contre leur gouvernement à qui ils reprochent de distribuer un véritable « cadeau empoisonné » qui constitue une menace pour les variétés locales. Ce projet contesté de Monsanto est mis en place dans le cadre du projet Winner , supervisé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), et dont le directeur des opérations en Haïti serait M. Jean-Robert Estimé, ex-ministre des affaires étrangères durant la brutale dictature de Jean-Claude Duvalier.

L'obligation d'utiliser des engrais et des produits phytosanitaires pour les cultiver, et celle de racheter les semences chaque année constitue une réelle menace contre la souveraineté alimentaire en Haïti. La mobilisation s'est amplifiée après la publication sur le site du Huffington Post, d'un article de Ronnie Cummins, de l'association des consommateurs de produits biologiques qui dénonçait les « pilules empoisonnées visant à refaire d'Haïti une colonie d'esclaves, non plus de la France, mais de Monsanto et des multinationales de l'agrobusiness »

Ingérence et violation de la souveraineté alimentaire

Haïti qui était autosuffisante dans les années 1980, est devenu l'un des tout premiers clients du riz étasunien. Les riziculteurs haïtiens ont été ruinés dans les années 1980 par les importations de riz étasunien subventionné qui a envahi le marché et est entré en concurrence directe avec la production locale. Après le démantèlement des protections
douanières imposées par les organismes internationaux, les tarifs douaniers sur le riz passent de 35 % à 3 %. Dans la même veine, les cuisses de poulet en provenance des États-Unis qui sortent congelées des containers, entrent directement en concurrence avec les volailles élevées sur place.

En plus d'une dette écologique, due à l'utilisation intensive des pesticides qui polluent les sols et contaminent les agriculteurs, les États-unis et ses grandes entreprises sont redevables d'une dette d'ingérence qui a causé une perte de souveraineté alimentaire, fatale pour la survie de la population. Monsanto doit reconnaître les dommages causés, réparer et indemniser les paysans. Haïti n'est pas endettée, elle est créancière.

15 septembre 2017 Jérôme DUVAL


Un peu de chaleur par ce temps glacial...un poème d'amour aux bonnes saveurs de cuisine haïtienne...

Marabout de mon cœur

Marabout de mon cœur aux seins de mandarine,
tu m'es plus savoureuse que crabe en aubergine.
Tu es un afiba dedans mon calalou,
le doumboueil de mon pois, mon thé de z'herbe à clou.

Tu es le bœuf salé dont mon cœur est la douane.
L'acassan au sirop qui coule dans ma gargouane.
Tu es un plat fumant, diondion avec du riz,
des akras croustillants et des thazars bien frits.
Ma fringale d'amour te suit où que tu ailles.
Ta fesse est un boumba chargée de victuailles.


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Novembre 2017

Nouvelles de notre école à Grand Fond

Comme vous le savez, nous soutenons le développement d'une école dans une zone rurale, difficile d'accès et où le niveau de vie de la population est très, très pauvre.

Ce projet n'est pas facile à mener... en cause : la pauvreté, les difficultés de communication, l'envie bien légitime, même si « ça ne fait pas notre affaire » d'une partie de la population, surtout les jeunes, d'aller tenter sa chance ailleurs...c'est ainsi que notre coordinatrice de projet a décidé d'aller vivre aux Etats-Unis.

Heureusement, nous pouvons maintenant compter sur notre nouveau coordinateur, Gabuitho Dérival qui semble heureux et fier de collaborer avec Terres Nouvelles, sous la supervision, bien sûr, de notre partenaire sur place, le CideCs.

Il nous a envoyé des nouvelles du projet en octobre et nous en promet d'autres fin novembre.

Le bâtiment du dépôt-cuisine est maintenant complètement terminé comme vous pouvez le voir sur la photo...Il nous reste maintenant à l'équiper du matériel nécessaire à la confection de repas (réchaud, casseroles, assiettes, couverts etc...) et à trouver une cuisinière responsable qui pourra, avec l'aide des parents, non seulement organiser le fonctionnement de la cuisine, mais également gérer l'approvisionnement difficile dans cette zone pauvre et isolée.

La rentrée s'est faite lentement : mi septembre, seule la moitié des enfants inscrits étaient présents parce que les parents n'avaient pas tous eu les moyens d'acheter ou de confectionner l'uniforme, obligatoire dans toutes les écoles en Haïti ; début octobre, ils étaient plus nombreux, surtout dans les « petites classes », les plus grands étant occupés au travail des champs avec leurs parents (ex : la classe maternelle compte 26 élèves contre 11 en troisième primaire) ; il y a équivalence de présence filles-garçons.

Il y a actuellement 5 professeurs et un gardien : les professeurs sont totalement démunis de matériel didactique et le gardien a fort à faire car la clôture végétale, faite essentiellement de cactus, tombe en ruine, ce qui fait que beaucoup d'étrangers à l'école, tant humains qu'animaux (cochons, cabris etc...) entrent librement dans la grande cour de l'école ! Le gardien et quelques parents ont placé une porte en tôle mais il va falloir trouver une solution pour le reste de la clôture, comme vous pouvez également le voir sur les photos.


Bref ! Les perspectives sont encourageantes : Gabuitho met en place des rencontres avec les parents, les responsables de l'école et les professeurs ; il élabore des documents de soutien et d'évaluation et recherche des moyens de développement sur place.

Mais ! Les besoins restent importants : matériel didactique, formation des professeurs, sécurisation des lieux et développement de la cantine.

Si nous sommes parfois découragés face à la lenteur du projet, nous sommes motivés à le développer « en prenant le temps qu'il faudra » !

Merci encore d'être là, présents, pour nous donner, par vos dons, une grande partie des moyens nécessaires.

Fassin S.


Nous vous proposons un texte, une réflexion, de Jérôme Duval. Nous avons décidé de le couper, ainsi vous aurez la suite dans nos prochains journaux.

Haïti : De la colonisation à l'esclavage économique

Finalement, les pays dits « en voie de développement » (PED) d'aujourd'hui remplacent les colonies d'hier : les grandes entreprises multinationales occidentales se placent dans les anciennes colonies, y investissent et en extorquent les ressources pour accumuler de faramineux profits qui s'évadent dans des paradis fiscaux appropriés. Tout cela se déroule sous le regard bienveillant des élites locales corrompues, avec l'appui des gouvernements du Nord et des
Institutions financières internationales (IFI) qui exigent le remboursement de dettes odieuses héritées de la colonisation. Par le levier de la dette et des politiques néocapitalistes imposées qui la conditionnent, les populations spoliées paient encore le crime colonial d'hier et les élites le
perpétuent subrepticement aujourd'hui, c'est ce qu'il est convenu d'appeler le néocolonialisme.

Pendant ce temps, hormis quelques tardives et bien trop rares reconnaissances des crimes commis, on se hâte d'organiser l'amnésie collective afin d'éviter tout débat sur de possibles réparations. Celles-ci, ouvrant la voie à des réclamations populaires, pourraient engager un devoir de mémoire émancipateur jusqu'à de possibles restitutions. Une perspective à étouffer avant qu'elle ne s'embrase ? La misère des pays colonisés s'est largement accrue en raison d'un transfert de dette : les dettes contractées par les puissances coloniales (Espagne, Portugal, Belgique, Angleterre, France, Pays-Bas...) auprès de la Banque mondiale pour rentabiliser au mieux leurs exploitations dans leurs colonies ont ensuite été transférées sans leur consentement aux pays colonisés qui accédaient à leur indépendance. Elles constituent un cas de dette odieuse, tout comme les dettes ultérieures contractées pour rembourser celles-ci

« Haïti continue à payer, au prix fort, les conséquences de sa naissance » Dans le cas d'Haïti, on en arrive même à faire payer le pays pour son accession à l'indépendance. À SaintDomingue (ancien nom d'Haïti), dans la nuit du 22 au 23 août 1791, 50 000 esclaves entrent simultanément en insurrection armée, impulsant un long processus qui amène à la première abolition de l'esclavage de toute l'histoire, le 29 août 1793, et à la proclamation de l'indépendance. Saint-Domingue, récupérant alors le nom d'Haïti, devient la première république noire indépendante en 1804, cas unique dans l'histoire d'une révolte d'esclaves qui ait accouché d'un État.

La France n'a sans doute jamais pardonné cette insurrection, « y compris la perte des revenus de son système esclavagiste : 800 plantations de sucre détruites, 3 000 plantations de café perdues » . Haïti le paie très cher : En 1825, le pays est contraint de payer à la France 150 millions de francs or destinés à « indemniser » les anciens colons maîtres d'esclaves pour perte « de propriété », en échange de la reconnaissance de son existence en tant qu'État-nation. La dette historique est imposée sous la menace d'invasion militaire : d'anciens propriétaires d'esclaves et de terres persuadent le roi français Charles X de lancer une équipée militaire sur Saint-Domingue, et le 17 avril 1825, une flotte de 14 navires de guerre était massée dans la rade de Port-auPrince, prête à intervenir. Une menace qui laisse entrevoir une possible restauration de l'esclavage par Charles X. Cette rançon extorquée au peuple haïtien, même si elle fut renégociée treize ans plus tard, en 1838, à 90 millions suite à un accord scandaleusement nommé « Traité de l'amitié », n'en constitue pas moins une dette pour avoir « osé » accéder à l'indépendance.  " Pour mettre en perspective le coût et la valeur de cette dette indigne : en 1803 la France a accepté de vendre le territoire de la Louisiane aux États-Unis, une zone 74 fois la taille d'Haïti, pour 60 millions de francs-or, beaucoup moins que le montant de la dette réclamé par la France"

Suite....

Haïti qui a lutté de longues années pour s'émanciper de la tutelle française et s'affranchir de l'esclavage est ainsi forcé à payer doublement et de manière illégitime ses anciens colons pour accéder à sa liberté et son indépendance, par le tribut de l'esclavage et la rançon. Haïti paiera cette rançon odieuse, qui a fait ployer des générations d'Haïtiens sous le poids d'une dette illégitime, de 1825 à 1883, lorsque le dernier terme fut collecté par la Caisse des dépôts (banque d'État, qui existe encore aujourd'hui) qui la reverse ensuite, en partie, aux anciens colons ou leurs descendants (certains colons étaient morts, tandis que d'autres n'ont pu prouver qu'ils avaient été propriétaires). Pour Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des
associations noires (CRAN), « l'argent doit revenir à l'État haïtien et à la société civile haïtienne. L'heure est venue de réparer cette double peine subie par l'île, l'esclavage puis la rançon. Le dénuement d'Haïti est dû au paiement de ces 90 millions de francs or qui ont obligé le pays à s'endetter sur des décennies. »

Ni excuse, ni pardon, ni réparation, ni restitution. Imperturbable, la France rançonne le peuple En avril 2003, à l'occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint-Louverture, le président Jean-Bertrand Aristide affirme que c'est la France qui a une dette envers Haïti et non l'inverse. Il demande « restitution et réparation » pour les dommages commis par l'esclavage et pour la rançon exigée en 1825 pour la reconnaissance de l'indépendance de l'île. Il réclame à la France 21 milliards de dollars (21 685 135 571,48 dollars), soit la valeur capitalisée des 90 millions de francs or payés comme tribut. En effet, en tenant compte de l'inflation ainsi que d'un taux d'intérêt minimal, certains mouvements sociaux estiment que cette somme pourrait dépasser les 21 milliards de dollars US estimés en 2003. Mais après l'intervention politique et militaire franco-étatsunienne qui a abouti au renversement d'Aristide en février 2004, le régime de facto de Gérard Latortue abandonne la réclamation de la restitution à la France qu'il qualifie d'"illégale". 

Depuis qu'Haïti existe, les Haïtiens n'avaient jamais vu chez eux un président de la République française. Il faudra attendre le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a provoqué la mort d'au moins 250 000 personnes et laissé près de 1,3 million de sans abris, pour qu'un président français se décide à fouler le territoire de son ancienne colonie pour la première fois depuis l'indépendance de l'île en 1804. En effet, après avoir laissé s'écouler un peu plus d'un mois suite au séisme, Nicolas Sarkozy effectue finalement une visite éclair d'à peine quatre heures le 17 février. Survol des dégâts de Port-au-Prince en hélicoptère, réunion et conférence de presse. C'est l'occasion de faire l'apologie du secteur privé français en rendant hommage à Suez et Veolia qui « ont réparé des conduites d'eau » ou d'EDF qui a « rétabli l'éclairage public au Champ-de-mars » près de l'ambassade de France. Et, pour la couverture médiatique, d'annoncer quelques 326 millions d'euros d'aide. Bien évidemment, il faut faire la part des choses et de cette somme, 56 millions ne seront pas mobilisés, puisqu'il s'agit d'effacement comptable auprès du Club de Paris de la dette bilatérale que l'île a contractée vis-à-vis de la France. La généreuse déclaration d'effacement de la dette brandie par Sarkozy comme réponse à la catastrophe post-séisme n'annonce pourtant rien de nouveau. Cette décision date en fait de juillet 2009, après qu'Haïti a atteint le point d'achèvement de l'initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (initiative PPTE renforcée) le 30 juin 2009. De son côté, la Banque mondiale n'annule pas le remboursement de 38 millions de dollars, mais ne fait que le suspendre pour cinq ans. De son côté, le Fonds monétaire international a décidé d'octroyer une « aide » de 100 millions de dollars sous forme de... prêt, certes sans intérêts, mais qu'il faudra bien rembourser.

Nous sommes bien loin des 21 milliards de dollars réclamés par Aristide et les mouvements sociaux, tel la Plateforme haïtienne, de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA). Encore une fois, l'État français a raté une bonne occasion de briser l'omertà en termes de restitution et réparation pour les dommages commis. Rien, hormis les effets d'annonce des vendeurs d'illusions empêtrés dans leurs promesses. On préfère appeler la population à faire œuvre de charité et oublier les questions qui dérangent le passé.

A suivre...


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